Le désir de création s’est d’abord manifesté à travers mon outil d’expression initial, le lieu d’émanation de toutes les intentions, là même où la sensibilité artistique s’expérimente : mon corps. Avant de savoir lire et compter, j’ai appris à m’exprimer par une suite de mouvements déployés dans l’espace-temps.

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Le corps se pose en point névralgique de toutes mes recherches, artistiques et littéraires.

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Le corps en perpétuelle transformation. Amenuisé, blessé, déliquescent, augmenté. Poreux. Traversé par celui des autres, stimulé par leurs mots. Un corps spongieux, qui absorbe malgré lui la charge émotionnelle de tous les êtres qu’il rencontre, et les vibrations de son environnement, au point d’en perdre son propre rythme. Un corps mystique, qui cherche la transcendance.

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Au moment où j’ai commencé à m’intéresser à la modélisation 3D, j’ai tout de suite voulu sculpter un corps numérique sublimé, c’est-à-dire libéré non seulement de ses vêtements, mais également de sa peau, pour révéler les mailles qui le compose, ces jeux de lignes qui dessinent à la fois l’ossature du corps mais également les champs de force qui le compose, comme dans ma première œuvre vidéopoétique Programme d’entrainement à l’usage d’une conscience hygiènique.

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J’ai vécu de très intenses épiphanies poétiques en étudiant les théories de la physique quantique qui tentent de formuler l’équation de l’Univers. Les mailles en modélisation 3D évoquent pour moi la théorie des cordes. Ou du moins mon interprétation toute artistique de celle-ci.

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À l’échelle quantique se déploie une musique fondamentale d’où émerge tous les possibles. Par leurs vibrations concordantes, les particules élémentaires, ces manifestations infinitésimales, composent l’ossature de l’Univers.

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C’est avec cette image vibratoire de la matière, et donc du corps, que j’ai commencé à créer mes sculptures filaires avec leur assemblage de mailles qui mettent en lumière le réseau de « cordes » qui structure leur forme.

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Je perçois dans ce tissage de lignes une parenté avec l’écriture, qui amalgame une suite de vibrations différentes — les mots — pour échafauder un dispositif narratif.