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J’aime la peau virtuelle. À force de l’observer, d’ajuster la carte des normales, la diffusion de la lumière sous son épiderme, l’occlusion ambiante, la rugosité, le placage spéculaire et la texture de déplacement, j’ai appris à apprécier la complexité de son dessin, la finesse de ses motifs ; plus elle semble avoir du vécu, plus elle m’émeut.

Ces images sont en quelque sorte des photogrammes du processus de création de la narratrice de mon prochain roman. D’ordinaire, le photogramme est un extrait de film; un arrêt dans le déroulement d’une trame. Or, si on pouvait plonger dans ma tête et photographier son contenu tandis que les idées se bousculent, s’amalgament, mutent et disparaissent avant de réapparaître sous une nouvelle forme, on trouverait un très long métrage, incessant, une sorte de suspense, de calcul, de formulation, de points d’interrogation et d’innombrables rebondissements, courts-circuits et tourbillons où s’agitent des corps étranges.

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Quand j’ai commencé à modéliser le corps qui figure dans les photographies virtuelles de cette série, je savais que je travaillais à partir d’un embryon d’idée littéraire.

Je me glissais dans la peau d’une narratrice dont je ne saisissais pas encore toute l’histoire.

 

J’avais la certitude de me trouver propulsée vers l’avant, dans un monde futuriste radicalement différent du nôtre.

Une sorte de mue se préparait; des plis se multipliaient sur la couche supérieure de son épiderme.

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Tandis que mes neurones trituraient des fragments de phrases, je sculptais un corps numérique pour cette créature romanesque qui n’avait pas encore de visage. Quelques scènes formaient le noyau du roman en chantier. Une ambiance ; un paysage déshydraté, comme la peau de ma narratrice.

C’est en observant ces ébauches picturales, en modifiant les textures, le jeu de la lumière autour de cette présence virtuelle que mon imaginaire trie et formule les phrases à écrire.

 

Ici, une image ne vaut pas seulement 1000 mots : elle porte plutôt le germe d’un roman.

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modélisation 3D | images numériques | texte :

KAROLINE GEORGES

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