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Les créatures mutantes me fascinent. J’écris pour entrer en immersion dans le corps et le flux de conscience d'êtres en pleine métamorphose.

Se transformer ou modifier radicalement sa perception du réel, quitte à le réinventer ; c’est peut-être l’algorithme qui sous-tend tous mes romans. Et plusieurs de mes projets artistiques, aussi.

Via mon projet de selfies avec mon avatar numérique, Anouk A., j’ai exploré la transformation et la sublimation d'un corps virtuel en intégrant les propositions de centaines de designers 3D œuvrant à générer des composantes du corps numérique. Je ne sais pas combien de visages ont défini puis redéfini Anouk.

Les premiers temps, son apparence était générique ; ses multiples têtes étaient toutes identiques à celles portées par ses semblables. Les avatars ressemblaient d’abord à des insectes impossibles à différencier les uns des autres.

 

Les fonctions de personnalisation ont initié un jeu nouveau, celui du choix, du goût, de la définition, du rapport des proportions, des influences fluctuantes. Le visage de mon avatar a commencé à devenir singulier, reconnaissable. Et pourtant, je ne cessais de le modifier, de redéfinir le dessin des traits, voire de changer encore et encore de tête, comme si l’apparence de mon personnage ne pouvait être fixée une fois pour toutes. Ou plutôt, je devais apprendre à embrasser ce désir d’infinie transformation, comme si ce corps pictural commandait à devenir hautement vibratoire, rempli de possibles, les exprimant tous à la fois, sans en fixer aucun.

 

Je ne le savais pas, mais je me préparais pour l’avènement de l’IA.

Près de vingt ans après ma première plongée dans un avatar numérique, l’intelligence artificielle propose maintenant un nouveau terrain de jeu qui ressemble à une marmite en ébullition. Mots, images, musique, et bientôt objets 3D : tout sera généré en quelques secondes à partir d’une commande succincte. L’imaginaire peut prendre forme quasi instantanément. J’ai l’impression d’entrer de plein fouet dans une tempête magique où la matière de l’Univers devient fluide, informe, palpitante ; elle virevolte à la vitesse de la lumière, dans une danse cosmique d’une complexité croissante.

Et je me sens dans mon élément.

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 images numériques | vidéos | texte : KAROLINE GEORGES

musique: ALEX FOREST

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